Manu a un collègue, qui lui, sait parfaitement ce que c'est, et il en subit, ainsi que sa famille, les conséquences tous les jours !
Mais nous lui laissons la parole ... il en parle beaucoup mieux que nous dans sa lettre ouverte !
Lettre ouverte aux candidats
Sur un combat contre les vides
Souterrains, politiques et juridiques
Suite à un trou apparu subitement dans notre pelouse en novembre 1992, mon épouse et moi avons engagé un très difficile combat contre le danger provoqué par l'existence cachée de centaines de milliers de marnières et de carrières souterraines abandonnées.
En février 1995, nous avons créé l'association "SOS-Marnières".
Nous avons réussi à faire prendre conscience de ce risque majeur largement répandu en France et l'Etat a pris certaines dispositions, les dernières connues au travers de la loi sur les risques majeurs adoptée en juillet 2003.
Hélas, de graves insuffisances font que la plupart des situations rencontrées ne sont pas résolues, à part celles où les assureurs sont parfois contraints à indemniser suite à des dégâts reconnus et quelques cas très rares de rachats amiables par les communes.
Faute de réponse aux problèmes posés, nous avons saisi la justice administrative, comme d'autres victimes le font de plus en plus souvent.
Pour notre cas, le Tribunal Administratif de Rouen a condamné l'Etat en février 2004, mais sans nous donner les moyens de sauver notre maison. La commune est déclarée non responsable juridiquement parce qu'elle n'a pas de plan d'occupation des sols (P.O.S).
Alors nous avons fait Appel devant la Cour Administrative de Douai.
Pendant cette période, grâce à la compétence d'un ami journaliste, lui et nous avons écrit un ouvrage intitulé "Péril sous la demeure", paru en mars 2006 aux éditions "Les 4 chemins".
Puis, le 29 janvier 2007, nous apprenons notre échec devant la justice administrative.
La Cour d'Appel confirme à la fois que la commune reste juridiquement non responsable et que celle de l'Etat reste entière. Le problème est que le Justice ne tient toujours pas compte de tous les préjudices entraînés.
Du coup, nous n'avons toujours pas obtenu réparations, dont la prise en charge du comblement de la marnière qui empoisonne notre vie depuis 15 ans et des réparations de notre patrimoine durement touché.
Le choix définitif de la Justice Administrative est de déclarer notre commune non responsable juridiquement et l'Etat entièrement responsable mais pas entièrement coupable, voilà en réalité ce dont nous sommes victimes.
Avoir raison ne suffit pas, il faut toujours se battre.
Pas question ni de fuir, ni d'abandonner.
Notre maison, pour laquelle ma femme s'est tant battue avec moi, a toujours été une de ses raisons de vivre.
Au prix de tous nos sacrifices et pour nos trois enfants.
Mais se battre durant tant d'années ruine un peu plus chaque jour la santé.
Jusqu'à maintenant, nos vies étaient sérieusement menacées par le vide laissé sous nos pieds à cause des insuffisances de la loi, désormais, par le cumul des agressions subies et par le temps laissé à la justice administrative pour aboutir au constat final de son impuissance, c'est par la maladie que vient s'ajouter une nouvelle menace.
Précisément celle qui sommeille en chacun de nous, attisée par les circonstances dont la responsabilité et la culpabilité collectives ne seront jamais jugées.
Maintenant, mon épouse est frappée d'une longue maladie. Elle a dû quitter son emploi d'aide ménagère chez des particuliers. Un emploi qui lui permettait surtout de sortir pour ne plus avoir sous les yeux notre terrain complètement détruit tout autour de la maison.
Ceux qui combattent pour la justice, pour le droit à la sécurité et au nom du respect des victimes, en paient très chèrement les conséquences.
Bien au-delà des aspects financiers.
Comme le drame entraîné par le temps trop long au bout duquel une famille victime d'une marnière a été si bouleversée que la maman en est décédé.
Ou encore celui d'une autre famille qui a perdu le père tandis que la maman maintient en survie un fils tétraplégique. Elle prie pour que "sa marnière" tienne encore le temps interminable, voire éternel, d'une prise en charge qui se fait trop attendre.
Heureusement, il arrive parfois que des gens responsables agissent pour tenter de compenser les lacunes de toutes sortes. Ainsi, certaines communes, des responsables de l'administration, les victimes et l'association SOS-Marnières continuent de chercher et de réclamer des solutions viables que l'Etat refuse encore de mettre en place.
Il faut régulièrement intercéder auprès des assureurs sollicités dans le cadre des reconnaissances catastrophes naturelles pour les convaincre de prendre en charge.
Mais il arrive souvent que victimes et communes soient obligés de mettre la main à la poche pour tenter de sortir de l'impasse. C'est précisément ce que nous allons faire, avec le soutien de notre commune et de l'administration.
Certes, le monde n'est pas parfait, comme les faits le démontrent, mais nous voulons simplement dénoncer à travers notre histoire que le droit administratif privilège abusivement la protection des intérêts de l'Etat au mépris de ceux des administrés, tandis que les mesures adoptées restent incapables d'apporter des solutions viables dans la plupart des cas rencontrés.
De fait, que la mauvaise écriture du droit et l'inefficacité des lois soient voulues ou non, chacun doit se rappeler que le droit et les lois sont adoptés par les représentants du Peuple et quec'est donc à eux que reviennent la responsabilité d'une bonne justice d'une part, et le devoir de protéger les victimes par des mesures adaptées d'autre part.
Alain et Marie-Noëlle Marais
Theillement – 27520
Le 24 avril 2007.